samedi 7 août 2010

"Le bonheur est dans le pré…" (2)

Visite d'AREVA, usine de traitement des combustibles usés des centrales nucléaires à La Hague

La visité du centre d'information d'AREVA, agrémenté par ou tour en bus dans les alentours de l'usine a pour objet de transmettre un message simple et rassurant : "Tout le processus de traitement du combustible est maîtrisé." (Avec 5000 employés, AREVA est le premier employeur dans la région.)
La France, comme d'autres pays, ont fait le choix de la filière nucléaire pour subvenir aux besoins énergétiques (et militaires) du pays. C'est un choix sociétal qu'on peut partager ou non.

Ce qui est inquiétant c'est que le service de relations publiques de l'usine ne produit que de l'idéologie : "Circulez, il n'y a rien à voir…", avec une brochure en quadrichromie à l'appui, appelée "Rapport environnemental, social et sociétal 2008". Le service de relations publiques prend le citoyen qui veut s'informer pour un imbécile :
• Les chiffres et tableaux y sont certainement tous justes, mais restent incompréhensibles pour un non-inité. Ils ont donc pour le non-spécialiste pour seul objectif de rassurer par leur aspect "objectif". La science a ici comme fonction de rendre l'information plus opaque et non pas plus claire.
• Le non-dit en dit trop : la dangerosité de certains isotopes qui perdure pendant des centaines de milliers d'années, malgré leur vitrification ; 94% des déchets peuvent être retraités, certes, mais seulement le plutonium (4% des déchets) est réutilisé comme combustible MOX. Le reste est stocké sur place.
• Pourquoi ne peut-on pas nous prendre comme des individus adultes et responsables et nous parler de la gestion du risque et de la problématique du risque résiduel propre à toute industrie très complexe ?
"[…] que le risque nul n'est pas tenable ni sur le plan de l'allocation sociale des ressources ni sur celui de l'équité. La protection contre le risque radiologique ne peut pas se faire à n'importe quel prix dès lors que chaque individu est soumis à un ensemble de risques résiduels et que les ressources que peut consacrer la collectivité à la protection de ses membres ne sont pas illimitées. De même, la protection d'un groupe de population ne peut pas se faire au détriment d'un autre groupe dès lors qu'il existe de fortes interactions en matière de transferts de risques entre ces groupes." (J. Lochard 1994 : "Risque radiologique et faibles doses : entre faux débat et expérience", in : Radie-protection 1994, Vol. 29, nó 3, p. 382)
Certes, la production d'idéologie est propre à toute technostructure, croyant maintenir ainsi un certain pouvoir (décisionnel, etc.), une certaine mainmise sur la docilité des gens (voir mon Journal institutionnel). Cependant, les technocrates n'ont rien à gagner en déresponsabilisant le citoyen, l'usager, l'étudiant, etc. car cette attitude se tourne, à court ou à long terme, contre eux, est contreproductif au niveau sociétal. Mais faire comprendre cela à des "décideurs" ?!

Voilà la fin de vacances en Normandie avec ses magnifiques hortensias bleus un peu partout…